••• Chris Blackwell me dit un jour: "Wally, ce serait bien que que ton prochain album soit comme de la musique classique". Et là-dessus, il m'innonde de classique. Des CD, un format qui s'impose enfin.

••• C'était tout ce que je voulais entendre, tout ce que j'espérais qu'on me demande, et tout ce que je voulais précisément faire, pour de nombreuses, nombreuses raisons. La première étant mon penchant croissant pour cette musique. Mais surtout, j'avais besoin de ce soutien à ce moment précis, car j'y voyais le moyen de dissiper enfin les malentendus que le succès relatif d' "Echoes" ne cessait d'engendrer.

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_ ... et dans quel bac faudrait-il mettre ceux-là aussi ?
_ ... (ou: "Faire plus conventionnel, vous ne pouviez-pas ?")

••• Autre motivation pour ce choix, mon studio. MIDI, le Synclavier et le Macintosh d'Apple avaient soudain rendu possible un rêve: la mort de la maquette (cette version authentique mais non-commercialisable pour ces 'mauvaises qualités d'enregistrement'). La 'nouvelle' maquette atteignait enfin ce rôle de 'pierre d'attente' que je rêvais lui voir jouer. La technologie accouchait d'un métier nouveau: le compositeur de studio.

••• Et à l'écoute des 'maquettes' que j'avais accumulées numériquement, je me suis aperçu que l'amplitude dynamique que j'avais enfin obtenue n'était pas éloignée de celle qui caractérisait la musique classique. Et comparer l'âge des montagnes à celui de l'humanité me semblait une façon idéale de décrire cette amplitude. D'où l'idée de créer des contes musicaux autour d'une montagne mythique, idée platonicienne incarnée, pour nos yeux, par toutes les montagnes de ce bas-monde.

••• "Words Of A Mountain" s'est retrouvé, sans le savoir, parmi les pionniers de l'ère numérique: en 1986, rares étaient les albums entiers 'faits maison' (home-studio), et enregistrés sans bande magnétique. Sa réalisation fut une traversée en solitaire: je tenais tous les rôles, compositeur, interprète, réalisateur, ingé-son; il fallait sans cesse inventer, concevoir, programmer, réparer. L'Internet n'était pas encore dans les mains du public, mais des réseaux tels que PAN, Compuserve et Calvacom me permettaient d'échanger ressources et idées avec les gens de MOTU (logiciel Performer), Opcode (programmeurs synthé), N.E.D. Synclavier, et des amis musiciens/programmeurs tels que Benoît Wideman, Nigel Redmon (HyperMidi), Simon Franglen, Georges Rodi, dans le monde entier, depuis mon petit 'studio sur rocher' comme Philippe Chatiliez aimait l'appeler.

••• Plus d'une année pleine et épuisante passée à le réaliser, à la suite de laquelle je me suis plongé dans les préparatifs du Bicentenaire de la Révolution. L'album est sorti en France à la mi-89, sans bénéficier du succès de l'Opéra Goude. Seule l'utilisation de 'Dachstein Angels' Audio comme jingle et générique a permis de le faire remarquer .

••• 'Leaving This Place' Audio comme ouverture sur mes personnages oniriques, avec 'Vesuvio Solo', l'oiseau noir Audio, un mime gardien de 'Mt Fuji' Audio, les loups affamés de l'Oural Audio, les pieds dansants du 'Fouta' Audio, la corne géante du 'Lake Powell' Audio (probablement ma favorite), et d'énormes yeux en forme de bulles autour de 'Ayers Rock' Audio; et retour serein au monde 'réel' avec 'Words Of Grace'. Audio.

••• "Echoes" avait été une vraie révélation, à plus d'un titre. Re-mixes et échantillonnages en ont fait le plus connu de mes albums, c'est vrai. Les horizons qu'il propose sont toujours à explorer. Mais en raison du challenge qu'il a représenté pour le compositeur autodidacte que je suis, "Words" reste mon album le plus cher à mes yeux. Si seulement mes nouveaux projets de même nature pouvaient l'égaler dans sa clarté et sa profondeur, je serais le plus heureux des hommes. Ce qui explique le temps que j'y mets. La quantité n'a jamais été mon problème: la qualité reste l'objectif. Je me dois de garder le niveau que je me suis imposé.

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Sun, Jan 3, 2010

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